Je pleurais pour la première fois...
2001... a connu beaucoup de rebondissements, aussi bien au niveau international, qu'au niveau de ma vie privée...
Au début du printemps 2001, je me séparais de Mr Ex., après presque 9 ans de vie commune... Grande-Miss avait alors 4 ans... : ce fut une séparation difficile... parce que nous nous sommes beaucoup aimés, puis ensuite énormément détestés, voire haïs, et la séparation fut émaillée de quelques coups bas, mais également de quelques retrouvailles...
Au début de l'été 2001, mon frère et sa femme se mariaient, réunissant toute la famille, une dernière fois (nous ne le savions pas encore...), autour de mon père en rémission de son cancer du poumon... : ce fut un magnifique week-end en Normandie, frais pour la saison, mais nous étions tous beaux et en forme pour célébrer dans la joie et la bonne humeur l'union de mon petit frère..., même si ce mariage ne se fit pas sans quelques frictions entre mon frère et ma mère pendant sa préparation...
Au cours de l'été 2001, nous passions Grande-Miss et moi, à la fois nos premières vacances d'été toutes les deux suite à ma séparation d'avec Mr Ex., et nos dernières vacances d'été avec mes parents réunis... : ce fut un bel été avec beaucoup de fous rires, des après-midis de plage, des journées sous la pluie, mais un été qui reste pour moi rempli de beaux souvenirs...
A la rentrée 2001, plus exactement le 11 Septembre, les Tours du World Trade Center furent détruites dans un attentat : ce fut le dernier événement international dont je discutais avec mon père...
Dans le courant de l'automne 2001, mon père était fatigué, mais les médecins restaient optimistes... et il était suivi régulièrement... ma mère y veillant...
Le Dimanche 2 Décembre 2001 au soir mon père entra à l'hôpital...
Je ne le sus que le lendemain matin, ma mère m'appelant au travail pour m'en informer : "Val, hier j'ai emmené Papa à l'hôpital, il n'était vraiment pas bien... Il était déjà tard et je n'ai pas voulu t'embêter avec ça, sachant que tu es seule avec Grande-Miss... Mais tu sais, c'était bizarre, à la fois il me disait de ne pas m'inquiéter... et ensuite, j'avais l'impression qu'il divaguait, il me disait voir des choses dans le ciel, que moi, je ne voyais pas... C'était tellement étrange... Je te tiens au courant...".
"Bien sûr, tiens moi au courant, je note le numéro de sa chambre et je viendrai après le travail te rejoindre à l'hôpital... J'informe la nounou de Grande-Miss que ce soir, je serai là plus tard...".
Le soir, après le travail, je me suis rendue à l'hôpital... J'ai trouvé la chambre assez facilement, mais avant que j'y entre, une infirmière m'a interpellée... : "Mademoiselle, il vous faut attendre un instant, un soin est réalisé dans cette chambre. Qui êtes-vous ?".
"Je suis la fille de mon père, qui a été hospitalisé ici hier soir".
"Est-ce que je peux vous parler un instant en attendant que vous puissiez entrer ?".
"Bien sûr...".
Et alors je l'ai suivie dans le bureau des infirmières... Elle s'est adressée à moi avec un ton calme, et emprunt de gentillesse...
"Mademoiselle, il faut que je vous dise... Votre père est vraiment très malade... Son cancer a beaucoup évolué, très rapidement... et il est en fin de vie... Souhaitez-vous prévenir quelqu'un...".
Ce mot "fin de vie" a résonné dans ma tête..., je ne le connaissais que trop bien pour le manier régulièrement au quotidien dans ma vie professionnelle où nous proposons au personnel soignant des formations visant à "Mieux accompagner le patient en fin de vie et sa famille"...
Je l'ai regardée et je lui ai dit : "Non, ce n'est pas possible..., il allait bien..., le week-end dernier encore, j'étais chez mes parents, et je les vois régulièrement car je vis à côté de chez eux... Ma nounou habite dans leur immeuble...".
Et j'ai posé LA question, comme si elle sortait seule de ma bouche..., que je ne pouvais me contrôler... : "Combien de temps encore ???".
Elle m'a répondu : "Je ne le sais pas... Nous ne pouvons vous le dire... un jour... peut-être plus... une semaine peut-être, mais sans doute pas plus... c'est pour cela qu'il serait mieux que vous appeliez quelqu'un...".
Les deux premières personnes qui me sont venues à l'esprit furent mon frère... et Mr Ex. : les deux hommes importants pour moi dans ma vie... à l'époque...
Ils sont arrivés tous les deux très rapidement, tout d'abord Mr Ex. et puis ensuite mon frère et sa femme arrivant de Normandie.
Et c'est là qu'a commencé notre dernière semaine avec mon père - vécue comme un peu hors du temps... -.
D'ailleurs, je ne me souviens pas de tout...
Je me souviens du temps que nous passions à l'hôpital, les brèves allers-retours à la maison, les appels au boulot pour les tenir informés, Grande-Miss qui nous posait beaucoup de questions auxquelles nous ne savions pas toujours répondre, Mr Ex. qui était énormément présent, mon frère, ma mère, ma belle-soeur, mon père, la famille, les amis, la nounou de Grande-Miss, les infirmières, les médecins...
et l'absence de la mère de mon père... elle aussi hospitalisée... mais qui n'a pas appelé une seule fois pour prendre des nouvelles de son fils, ne croyant pas... ou ne voulant pas croire... qu'il était en fin de vie...
Mon frère et sa femme (qui était alors enceinte de quelques mois : 3 mois je crois) n'ont pas pu rester toute la semaine en région parisienne..., mais Mr Ex. a été beaucoup présent pour ma mère et moi.
Lorsque au milieu de semaine, une infirmière a proposé à ma mère de passer la nuit auprès de mon père, au cas où... Ma mère n'a pu s'y résoudre... redoutant à la fois cet éventuel dernier instant qui pouvait survenir en pleine nuit... là... seule avec mon père..., et culpabilisant à la fois de n'avoir pas la force de le faire... et regrettant par avance de le laisser partir seul...
Je ne pouvais m'y résoudre également... Je devais aussi m'occuper de Grande-Miss... Mon frère venait de repartir le mercredi en Normandie et nous ne pouvions le faire revenir immédiatement...
Tout naturellement, Mr Ex. s'est proposé pour passer quelques nuits auprès de mon père..., pour que celui-ci ne soit pas seul au moment où la mort viendrait... Il a donc passé deux nuits avec lui... celle du jeudi soir et celle du vendredi soir...
Le samedi soir il ne pouvait pas... Ma mère et moi ne pouvions également nous y résoudre, ne serait-ce que pour une seule nuit, car cela nous paraissait beaucoup trop angoissant...
Ce samedi soir là, nous sommes restés, elle et moi, aussi longtemps que possible à l'hôpital... au chevet de mon père... dans le coma... Nous avions demandé à l'équipe médicale qu'il puisse partir sans souffrir...
Mon père est mort... d'un cancer du poumon..., à l'aube du dimanche 9 décembre 2001, il avait 47 ans...
la seule nuit où Mr Ex. n'avait pu rester...
Lorsque les infirmières ont appelé ma mère pour l'en informer... Elle m'a appelée... et j'ai aussitôt prévenu Mr Ex. Il a été le premier à arriver sur place... pour nous soutenir dans cet instant difficile et ceux qui ont suivi...
Cela fait dix ans aujourd'hui...
Papa... tu nous manques toujours autant... et à nouveau - comme il y a dix ans - je te dédie cette chanson...